Dans cette partie nous nous attaquerons au pan financier du manifeste de Force Solidaire . En partant d’un constat nous en détaillerons ses déboires afin d’exposer des recommandations qui nous paraissent souhaitables et réalisables.
Situation actuelle
L’aspect financier est relativement absent du débat public et politique et se cantonne souvent à la sphère des économistes et du monde bancaire pour autant il n’est pas à négliger pour les citoyens à qui ont à cœur le bien-être économique et social de la nation. Les institutions financières actuelles sont prises dans un véritable dilemme. Les principaux acteurs de la finance moderne sont de véritables mastodontes par la taille de leurs bilans qui atteint souvent seul le même poids que le PIB de nombreuses nations dont la France. Ces géants de la finance ne sont pas isolés mais reliés par les actifs financiers qu’ils détiennent. Comme l’a prouvé la crise de 2008 avec la faillite de Leman brothers, c’est toute la collectivité qui en a essuyé les pertes et sans l’action publique le système financier entier aurait pu s’écrouler par un phénomène de contamination et une perte de valeur de leurs actifs si massive que même des ratios prudentiels n’auraient pu y palier. Ces mastodontes aux pieds d’argile se retrouvent donc dans une situation où leurs gains sont privatisés mais leurs pertes socialisées et pèsent sur l’ensemble de la population. Ainsi, la banque centrale se retrouve dans l’obligation d’inonder le marché de liquidité à chaque inflexion inquiétante par différents biais (baisse des taux, assouplissement quantitatif) pour maintenir la stabilité du système financier. C’est pour cela que Force Solidaire souhaite rompre avec le modèle de banque universelle.
Monnaie
Maintenant, abordons l’aspect monétaire. Force Solidaire est en faveur d’une sortie lente, progressive et contrôlée de l’union européenne dans l’objectif de retrouver une indépendance nécessaire à l’intérêt propre de notre pays. Retrouver une monnaie nationale est indispensable. Une monnaie n’est pas qu’un intermédiaire d’échange mais comprend une forte connotation historique et politique. L’euro est une devise qui était très proche de l’ancienne monnaie allemande, le deutschemark à l’instar de l’union européenne et de la zone euro qui ont été créés sur des fondements ordolibéraux . Le deutschemark mark était une devise forte, plus forte que le franc français. Si une monnaie surévaluée ne pénalise que peu l’Allemagne par une demande importante et difficilement compressible dans des secteurs de pointe, il en est tout autre pour la France. La valeur d’une monnaie influe sur la balance commerciale et sur la demande pour la production nationale. Depuis 1999 l’euro pénalise nos exportations. Sans tomber dans le mercantilisme il est clair que par la structure de l’économie française, l’euro n’est pas une devise adaptée. La valeur d’une devise est certes déterminée comme tout bien entre la rencontre entre l’offre et la demande mais en réalité la valeur d’une monnaie et sa demande sont déterminés par la confiance qu’on lui accorde c’est-à-dire si cette devise est à même de répondre aux points suivants : unité de compte, réserve de valeur et moyen d’échange. La confiance dans une monnaie ne repose que sur une convention Cette confiance qu’accorde les marchés est fragile et repose sur la stabilité et la prospérité du pays en question. Il est nécessaire et indispensable de réfléchir au processus de transition entre l’euro et le franc mais avant cela suppose de travailler sur l’attractivité du territoire et d’autres variables appartenant au champ économique. Cela m’amène à la conclusion suivante: si l’économie est prospère et que la France consolide son modèle économique, réduit sa dette extérieure et rassure les investisseurs, la transition entre les deux monnaies ne sera pas une difficulté majeure. Pendant cette transition il serait possible de faire circuler euro et franc puis par un système d’incitation (baisse des droits de douane, réduction fiscale…) les entreprises nationales et internationales afin de progressivement remplacer l’euro.
Attention, la finance reste indispensable dans nos économies capitalistes et il est inutile de la diaboliser où la finance est au cœur même de ce modèle. Il s’agit cependant de repenser ce modèle par les déboires qui pèsent sur la stabilité du modèle et d’informer la population sur un sujet qui semble austère et trop complexe pour l’appréhender.
Transparence
Force Solidaire souhaite souligner les conflits d’intérêts potentiels qui peuvent naître des liens entre le monde financier privé et la haute fonction publique française. En effet des rapports démontrent que de nombreux énarques exercent au sein des plus grands groupes bancaires avec notamment en 2012, plus de 300 énarques qui exerçaient dans le secteur financier. Ce lien entre la banque et le monde de la fonction publique ne date pas d’hier. George Pompidou exerçait avant son engagement en politique au sein de la banque Rothschild. Ce parcours est similaire à celui du Président français actuel Emmanuel Macron. Ces aller-retour sont problématiques et s’étendent au sein même des autorités de régulation dont notamment l’AMF. Force Solidaire souhaite donc encadrer cette pratique par différentes mesures : modifier le processus de sélection au sein des autorités de régulation, consulter des économistes spécialisés dans le secteur bancaire et financier afin d’accroître notre expertise et de ne pas non plus tomber dans une régulation anti méritocrate et excessivement lourde. La France doit conserver et surtout continuer à défendre la place des banques françaises privées tout en ne lésant pas nos concitoyens les plus vulnérables aux conséquences d’une recherche du profit exacerbée. Pour limiter la captivité des ménages auprès de leurs banques et de leurs assurances, il s’agira de réduire le coût en temps et en argent pour changer de banque et clôturer un compte. Les prêts accordés aux ménages par l’industrie hypothécaire pour les plus modestes seront davantage réglementés afin que les ménages soient réellement en capacité de les rembourser au moment de l’octroi du prêt. Qu’il s’agisse d’un prêt à la consommation ou immobilier. Une éventuelle hausse des ratios de solvabilité reste à débattre. Une campagne de sensibilisation sur tous ses enjeux apparaît nécessaire.
Finance et union latine
Afin de profiter optimalement de l’union latine il est nécessaire que les flux de capitaux puissent se transférer au sein des différents pays afin de réaliser les investissements nécessaires au sein de nos économies. Les réglementations bancaires devront être identiques et calquées sur les normes internationales pour pouvoir attirer des investisseurs étrangers. Chaque banque nationale sera libre de s'installer dans les autres pays de l’union. Nous instaurerons également des mécanismes similaires au MSU et MRU afin de protéger les particuliers et de mettre fin à l'impunité conférée aux banques systémiques. Il faudra ainsi créer une institution commune à la zone qui à l’aide des banques centrales nationales veillera au bon fonctionnement de ces deux mécanismes.
Il faut être réaliste, le marché bancaire est extrêmement spécifique et par ses particularismes il se doit d’être régulé pour la stabilité de l’économie entière.